alimentation
mythes et réalités sur le maïs et les autres grains
Comme propriétaires d’animaux, nous sommes de plus en plus conscients de l’importance de l’alimentation quand il s’agit de la santé de notre animal. Motivés par une volonté de fournir le meilleur à notre petit compagnon, nous faisons des recherches pour trouver LE bon type d’alimentation à fournir celui-ci. Il n’est par contre pas aisé de se faire une opinion éclairée dans la mer de données contenues sur le web et dans la littérature et beaucoup de fausses croyances circulent. De plus, les sources d’information les plus accessibles au consommateur sont malheureusement souvent des témoignages anecdotiques, des opinions déguisées en fait ou des argumentaires de compagnie.
Voici donc un résumé sur le sujet des diètes sans grains qui, nous l’espérons, vous aidera à vous forger une opinion éclairée et vous amènera à porter un regard critique sur vos futures lectures !
Les diètes sans grains : meilleures pour l’animal ?
Plusieurs propriétaires d’animaux croient que les diètes sans grains sont meilleures pour leurs animaux car ils assument que celles-ci sont plus naturelles, sans hydrates de carbone et moins à risque de résulter en problèmes de santé comme les allergies. Ce n’est pas le cas. Aucune évidence crédible n’a démontré d’avantage à la diète sans grains du point de vue de la santé De plus, aucune donnée nutritionnelle ne supporte sa supériorité face à une diète traditionnelle pour ce qui est de rencontrer les besoins physiologiques de l’animal.
Parce qu’on veut le meilleur pour notre chien, et qu’on veut respecter sa nature, il est tentant de le comparer au loup et de chercher à lui servir une diète qui ressemble à celle de son ancêtre, donc avec très peu ou pas du tout de grains et céréales. Il faut toutefois savoir que depuis plus de 10 000 ans (voir 20 00 à 40 000 ans selon les chercheurs), le chien est domestiqué et son alimentation s’est modifiée au contact de l’homme, tout comme son code génétique et son apparence. Ainsi, le chien s’est éloigné du loup tant dans ses comportements que dans sa physiologie digestive, en s’alimentant des restes fournis par l’humain et en lui faisant confiance comme pourvoyeur de nourriture. Son ADN s'est modifié! Ce n'est donc plus un loup du tout!
Voici quelques liens intéressants (des résumés en français ainsi que des liens scientifiques très complets en anglais). Une des découvertes fascinantes de ces recherches est que le gène qui a permis la domestication du chien serait celui qui lui permet justement de digérer l’amidon des grains.
http://www.nature.com/articles/ncomms16082
http://www.nature.com/cr/journal/v26/n1/full/cr2015147a.html
Les fausses croyances
FAUX : Les grains entiers servent d’agent de remplissage dans la nourriture animale:
Le terme « agent de remplissage » implique que l’ingrédient utilisé n’a pas ou très peu de valeur nutritionnelle, alors que les grains entiers fournissent aux diètes animales des nutriments essentiels comme les vitamines, les minéraux et les acides gras. Plusieurs produits des grains fournissent aussi un apport significatif de protéines qui peuvent être plus facile à digérer pour l’animal que certaines protéines issues de la viande en plus d’être écologiquement plus responsable.4 Les grains sont faits en grande partie d’hydrates de carbone, qui constituent une importante source d’énergie et un des 6 nutriments de base nécessaires au bon fonctionnement de l’organisme (c’est-à-dire l’eau, les protéines, le gras, les hydrates de carbone, les vitamines et les minéraux). Il faut donc comprendre que le fait de retirer cet ingrédient des diètes a un effet sur la balance des autres nutriments dans les diètes.
FAUX : Les diètes sans grain sont aussi sans hydrates de carbone:
Les nourriture dites sans-grain contiennent typiquement des hydrates de carbone issus d’autres sources végétales comme la patate douce, qui contient beaucoup plus d’hydrate de carbone que le maïs. Pour diminuer le contenu en hydrates de carbone, on devra donc augmenter la teneur en gras et en calories de ces diètes. Certaines diètes sans grains substituent les grains par des amidons raffinés (exemple les patates ou le manioc) qui contiennent moins de nutriments essentiels et moins de fibres que les grains et ne sont pas considérés comme des aliments complets. Dans d’autres diètes sans grains, les grains sont remplacés par des fèves, des pois ou des lentilles, qui sont des sources d’hydrate de carbone sans avantage par rapport aux grains et qui peuvent en plus causer des désordres digestifs.
FAUX : Les grains sont une cause commune d’allergies: Les allergies et intolérances alimentaires sont une réponse ANORMALE à un aliment ou à un ingrédient NORMAL. Les allergies alimentaires demeurent un phénomène peu commun : moins de 1% des chiens ont des allergies et de ce 1%, 10% seulement ont des allergies alimentaires. De ce 10%, le plus grand pourcentage d’allergie consiste en des allergies aux protéines d’origine animale (bœuf, poulet, produits laitiers). Les allergies aux grains sont quant à elles très rares.
Il faut donc garder en tête que parce qu’un aliment est un allergène pour de rares personnes, cela ne lui ôte pas ses qualités : on n’arrêtera pas de manger des arachides parce qu’un petit pourcentage de gens y sont allergiques et on ne contestera pas leur valeur comme aliment.
FAUX : Les grains cause des intolérances au gluten: La maladie céliaque est une maladie auto-immune humaine associée à l’hypersensibilité à la protéine de gluten trouvé dans le blé, l’orge et d’autres céréales de la même famille. L’intolérance au gluten est extrêmement rare chez le chien et n’existe pas chez le chat. Une seule famille (lignée) de Setter Irlandais est connue pour avoir manifesté des signes digestifs suite à l’ingestion de gluten. La plupart des chats et des chiens (plus de 90%) sont capables d’utiliser et de digérer efficacement les nutriments issus des grains de l’alimentation sans aucun problème. De la même manière que pour les allergies, ce n’est pas parce que le voisin a une intolérance au gluten que vous devriez cesser de manger du pain et des pâtes…
Conclusion
La hausse de l’offre de diètes sans grain dans les commerces et la publicité faite autour de ces diètes perpétuent la fausse croyance que les grains sont nocifs pour les animaux de compagnie. De nombreuses fausses informations circulent sur internet et dans certains commerces. La plupart du temps, ces renseignements sont basés sur un réel souci de bien faire, mais ne reposent pas sur des faits réels et vérifiés et pourraient dans certains cas nuire à votre animal. Il est important de prioriser sur les faits et la science et non sur certaines tendances quand il s’agit de nutrition.
Comme propriétaires d’animaux, nous sommes de plus en plus conscients de l’importance d’une bonne alimentation pour nous-mêmes mais aussi pour notre animal, et nous cherchons donc à retrouver dans les diètes animales les mêmes genres de courants que ceux qu’on voit en alimentation humaine. Cela peut avoir un impact non négligeable sur un animal, car ils n’ont pas les mêmes besoins que nous. Cet impact est magnifié par le fait que contrairement aux humains, les animaux ont souvent une diète peu variée, donc sont plus à risque de carence quand la diète est non-balancée.
Souvenez-vous que les diètes sans grains n’offrent pas de bénéfices supplémentaires face aux diètes avec grains et que chaque diète soit être examinée sur la base du profil de nutriment, de la digestibilité de ceux-ci et NON sur le profil des ingrédients.
Dre Heïdie Pomerleau