Vermifugation

L’importance de la vermifugation des animaux de compagnie : quand NOTRE santé passe par la leur 

Lorsque le printemps se pointe enfin le bout du nez, avec la pluie tristounette d’avril, on se prend à rêver de passer des heures dehors au soleil. Des envies de « vert » nous prennent : on planifie notre potager, nos boîtes à fleurs. Les enfants vont bientôt passer des heures à s’inventer un monde dans le sous-bois, sous l’œil bienveillant de Nestor le chien de la famille et sous la surveillance méfiante de Praline, la minette du voisin, cachée sous un buisson. 
 
Nestor est un chien de 4 ans. Il a derrière lui une histoire de petit bouffon mâchouilleur mais s’est depuis assagi. Toutou très chanceux, il a libre accès à la grande cours arrière tous les jours et, deux à trois fois par semaine, sa maîtresse l’amène marcher dans les bois. Quel bonheur de courir dans les sentiers, de rencontrer des copains poilus…et si aucun ami n’est présent, il reste toujours les quelques petits débris de « cadeaux » qu’ils ont laissé derrière pour prendre les dernières « nouvelles ».  

Nestor a aussi des amis : Scoubidou le nouveau chiot des voisin, un gentil petit Jack Russel très énergique, et Praline la minette, qui considère la cours arrière de Nestor comme son territoire de chasse attitré et le carré de sable des enfants comme une litière estivale grand confort. Tout de même, Praline paye un léger tribut pour cette utilisation du territoire et fournit quelques fois par mois à Nestor un encas de choix sous forme d’un petit mulot mort dont elle n’appréciait pas le goût. 

Cette joyeuse bande de compagnons passera la saison chaude à musarder avec les enfants devant les regards attendris des parents.  Quel beau tableau sur la joie de l’enfance ! Mais une réalité un peu moins reluisante se cache derrière tout ça… 

Les habitudes de vie de Nestor, Scoubidou et Praline les mettent en contact avec une grande quantité  de parasites. Les œufs ou les larves des parasites internes (les fameux « vers »), microscopiques au départsont toujours à la recherche d’un nouvel hôte pour reproduire leur cycle de vie. Ces œufs et larves sont expulsés par des animaux infestésLe seul fait pour un chien ou un chat de sentir quelques particules de selles infectées lors d’une randonnée en forêt ou de lécher de la boue infectée laissée sur son poil suffit pour le contaminer. L’ingestion de petites proies comme les mulots, qui sont infestés eux-mêmes, est une autre façon d’être contaminé. Les chiots comme Scoubidou et les chatons sont des réservoirs importants de parasites, qu’ils ont pu contracter dans l’utérus de leur mère, par l’ingestion de son lait contaminé, ou alors dans l’environnement. Comme leur système immunitaire est encore naïf et en formation, ils sont souvent fortement infestés, ont des symptômes visibles et excrètent une plus grande quantité d’œufs et de larves dans leur déjections.  

La vie à l’extérieur expose aussi nos animaux aux parasites externes, comme les puces (elles-mêmes des hôtes et passeurs de parasites internes), les mites et les tiques. 

Bon, alors Nestor, Scoubidou et Praline sont sûrement parasités… et alors ? 

 

Le côté obscur partie 1 : les conséquences pour l’animal 

Les parasites internes sont des ennemis plutôt silencieux. Pour réussir à survivre et répéter leur cycle de vie, ils se doivent de garder leur hôte en vie. Aussi, sur un animal adulte autrement en bonne santé, peu de signes visibles à l’œil nu peuvent indiquer leur existence. Par contre, leur présence continue dans les intestins amène des inflammations chroniques qui peuvent conduire à des problèmes de carences alimentaires, des problèmes de digestion graves et même, à longue échéance, contribuer à l’apparition de cancer des organes digestifs. 

Les parasites externes comme les puces peuvent causer des allergies ; les mites, des otites graves, et les tiques peuvent transmettre des maladies bactériennes parfois fatales à l’animal. 

Déjà, on regarde Nestor et Praline d’une autre œil : pauvres petits chéris ! Mais il reste un enjeu de taille : la transmission aux humains. 
 


Le côté obscur partie 2 : les conséquences pour l’humain 

Les parasites qui normalement colonisent les chats et les chiens sont souvent des habitants accidentels de notre corps. Comme leurs repères sont absents, ils auront tendance à migrer dans d’autres tissus car ils ne se reconnaissent pas dans nos intestins. Ils partiront donc parfois à la recherche de leur habitat naturel (bien évidemment absent de notre abdomen) et migreront dans des organes aussi distants que l’œil, le foie, et même le cerveau. On appelle ce genre d’ « errance » les larva migrans. Une larve dans un œil peut y mourir et créer une réaction inflammatoire assez sévère pour faire perdre la vue. De plus, certains types de parasites internes peuvent causer des avortements ou des malformations au fœtus d’une femme enceinte. 

Les parasites peuvent aussi rester dans le système digestif et créer toutes sortes de malaises comme des gaz et des ballonnements, de la diarrhée,  et même des ulcères d’estomac.  

 

Comment s’infeste-t-on ?  

Bien sûr, notre hygiène corporelle en tant qu’humain diffère quelque peu de celle de Praline et Nestor, dont la débarbouillette personnelle atteint des endroits particuliers. Par contre, nous sommes en contact nous aussi avec ces parasites, dont notre animal de compagnie est un vecteur important. Une hygiène déficiente est donc un facteur important : caresser un chiot pour ensuite se ronger les ongles peut être suffisant pour se contaminer. Manger des légumes du jardin sans les laver (oui, parce que ce qui fait office de jardin pour vous fait aussi office de toilette pour bien des petits hôtes de votre cours arrière), ou ingérer de la viande mal cuite (contenant des kystes de parasites) sont aussi des causes fréquentes de contamination. Les jeunes enfants peuvent aussi se contaminer dans le bac à sable ou ingérer des puces qui sont dans l’environnement et ces puces peuvent contenir elle-même des parasites. 

Cela dit, en général, les adultes avec un système immunitaire fonctionnel ne devraient pas être trop affectés par ces ingestions accidentelles. Ce sont plus les personnes avec un système immunitaire diminué qui seront à risque de vivre des complications de cette ingestion. Ainsi, les personnes souffrant de maladies, les personnes âgées, les femmes enceintes et les jeunes enfants sont-ils plus sensibles à développer des symptômes d’infestation. De plus, les enfants ont un risque augmenté par leurs habitudes d’hygiène défaillantes (parce que qui à part eux peuvent embrasser indistinctement le museau et les fesses du chien ou partager leurs jouets et/ou leurs croquettes ?). 

 

Comment éviter les problèmes ? 

Première règle  : Vermifugez adéquatement votre animal pour diminuer la charge de parasites susceptibles de vous contaminer. 


Votre vétérinaire est la meilleure personne pour évaluer les besoins de votre animal…et de votre famille en conséquent. Il existe des vermifuges efficaces et sécuritaires et votre vétérinaire choisira un produit adapté à vos besoins. Ainsi, un chien qui sort à peine de la maison et qui vit dans un foyer sans enfant ne recevra pas le même produit et là même fréquence d’administration que le chat chasseur dont famille comporte de très jeunes enfants. 

 

Deuxième règle  

Veillez à diminuer la pression d’infection environnementale, c’est-à-dire chercher à diminuer le nombre de particules fécales dans votre environnement. Plusieurs petits trucs peuvent aider : un couvercle sur le bac à sable entre les jeux, des moustiquaires sur la terre du jardin ou un jardin surélevé, retrait rapide et régulier des selles sur le terrain, lavage des légumes de jardins et bonne cuisson de la viande. 

 

 

En conclusion, rien ne sert de paniquer à l’approche de la saison chaude, mais comme dans bien d’autres domaines, le gros bon sens, une bonne hygiène et le support de professionnels de la santé feront toute la différence. Quelques mesures simples de prévention vous assureront un été en santé, pour vous et nos petits poilus préférés. Et surtout, vous contribuerez à donner une relation humain-animal saine et enrichissante à vos tout-petits…non-poilus ! 

 

Humainement votre ! 

 

Heidie Pomerleau, médecin vétérinaire